Il était une fois...

The End

DANS CE MONDE
QUI N'A NI QUEUE NI TÊTE
JE N'EN FAIS QU'A MA TÊTE.

(c) Moonlight & Herjuliwiii.

Histoire - FIRST « Maman, pourquoi moi, j'ai deux mamans ? » Question qui n'arrêtait pas de sortir de la bouche de la fillette, à peine âgée de sept ans. Après tout, mettez-vous à sa place. Tous ses camarades avaient une vie 'normale' dirons-nous, avec des parents 'normaux', et non pas deux mères. Parce qu'il fallait appeler un chat, un chat, la petite avait une mère lesbienne. Et donc deux 'mères'. Qui, officiellement, n'étaient pas en couple, lois françaises l'obligeant. En tout cas, cette petite famille tapait dans la singularité, d'autant plus que ces questions gênaient toujours Marie, la mère biologique de la petite Lucie. Comment avouer à sa propre fille que son père n'était qu'un homme de passage, qu'elle ne le reverrait probablement jamais, et qu'avoir deux mères était quelque chose de mal vu ? Tout simplement en lui mentant. Pour son bien. La vérité blesse, et les mensonges encore plus. Certainement, mais à l'époque, ce fut la seule solution adéquate que l'on put trouver. Surtout qu'à cause de ce choix d'orientation sexuelle avait complètement brisé la famille de Marie. Fille de riches, ses parents lui avaient tourné le dos, bien des années auparavant, et sa concubine et sa fille étaient les seules choses qu'il lui restait. Les seules sur qui elle pouvait compter. Prenant sa fille sans ses bras, elle posa son menton sur le sommet de son crâne, et toutes deux plongèrent leur regard dans le vide immense, pendant que Marie tentait, tant bien que mal, de trouver ses mots. « Parce que tu as la chance ma chérie, et que tu n'es pas comme les autres. Une petite fille aussi merveilleuse que toi peut bien se démarquer du reste du monde, qu'en dis-tu ? » Cette réponse sembla satisfaire la petite. Souriant, elle acquiesça de la tête, avant de partir, montant les marches quatre à quatre pour rejoindre sa chambre. Marie savait bien que sa fille souffrait de cette condition, vis-à-vis du reste de la société, mais elle ferait tout ce qui lui est en oeuvre pour ne pas gâcher la vie de sa petite Lucie adorée.

SECOND « Luciiiie, Luciiie, c'est moiii, je saiiiiis, ... » « Ta gueule. » Et oui, voilà ce que l'on récoltait à titiller notre blondie. Elle n'aimait absolument pas lorsqu'on lui rappelait cette chanson; trop de mauvais souvenirs. « Luciiiie, luciie dépêche-toi, on ne vit, qu'une vie à la ... AOUTCH ! » Monsieur venait de se recevoir un torchon en plein abdomen. « Qu'est-ce que tu n'as pas compris dans ce que je viens de dire ?! » Baissant les bras, on put entendre simplement l'eau du robinet resté ouvert couler, encore et encore, jusqu'à ce que l'homme présent dans la pièce le ferme, doucement, sans bruit. Tout proche d'elle, il lui dit, tendrement. « Je suis qu'un con. Désolé Lucie. » « Ca, je ne te le fais pas dire. » Et elle sortit, sur les marches du perron, s'allumer une cigarette. Les cigarettes. Si sa mère la voyait en ce moment, elle serait folle de rage, c'était certain. Elle avait toujours répété que tout ça était nuisible à la santé, et avait défendu sa fille d'en prendre. Malheureusement, elle n'était plus là pour en témoigner. Cinq années qu'elle nous avait quittés, des suites d'un cancer. Et depuis ce jour, c'était comme si la vie de Lucie s'était arrêtée. Ou du moins, était au ralenti. Elle ne vivait plus comme avant, était irascible jour et nuit, se renfermait sur elle-même, au point de perdre ceux qui comptaient le plus pour elle. Comme son fiancé de l'époque, sur qui elle venait de jeter violemment son torchon de cuisine. Elle n'en pouvait plus, saturait, de tout. Depuis qu'elle était petite, savoir qu'elle avait deux mères avait été son fardeau, et oui, et une fois qu'elle s'en habituait et en était pleinement satisfaite, l'une d'entre elle finissait par disparaître. L'angoisse totale. Faisant des ronds de fumée, Lucie parvint cependant à se calmer, et à parler, à coeur ouvert. « Elle me manque tu sais, horriblement. Il y aurait tellement de choses que j'aurais aimé lui dire, tellement de choses qu'il nous restait à faire, tellement d'amour à partager. (...) Tu veux mon avis, la vie n'est qu'une garce, sérieux. » Sur ce, elle se leva, et rentra à l'intérieur. Plantant son fiancé là, penaud et las de tout ce mal qui la rongeait de dedans. Elle n'était plus la même, ce qui fit qu'ils rompirent quatre mois plus tard, laissant Lucie dans une plus grande période de dépression. Dieu merci, avec le temps, elle reprit peu à peu goût à la vie, parce qu'après tout, il faut bien continuer.

THIRD « Hello mademoiselle, je t'offre un verre ? » Le troisième de la soirée. Quoi qu'elle le prenait bien, après tout, cela voulait dire qu'elle restait séduisante malgré les années. Se prenant au jeu, elle répondit, jouant de ses atouts. « Avec grand plaisir. » Une fois les verres pleins, ils en burent une gorgée chacun, avant que le silence ne s'installe, de nouveau. Ce jeune homme avait beau pouvoir être le petit frère de Lucie, elle le trouvait attirant. Ou alors était-ce l'effet des verres d'alcool qu'elle avait bu auparavant. « Alors, dis-moi, c'est quoi ton ptit nom ? » Jouant avec son verre, Lucie ne répondit pas tout de suite. Alors tout, il fallait garder une once de mystère. D'ailleurs, il fallait toujours une once de mystère. Sur ce, plongeant ses yeux bleus dans son regard, elle répondit, de nouveau. « Tu ne penses pas que cela se mérite ? » Surpris, le jeune homme la regarda, avant d'avoir ce petit sourire en coin, qui voulait tout dire. Quel était l'idiot qui avait pensé à mettre un bar dans un hôtel ? Probablement un ami de nos deux fous, car à peine eurent-ils décidé d'aller se balader un moment qu'ils atterrirent dans la chambre de la demoiselle. Un moment assez privilégie, qu'ils n'eurent pas réellement le temps de savourer, puisque le lendemain, elle était partie, laissant tout simplement un mot. Un mot pour une nuit. Trop logique.
Ce qu'ils ne savaient pas, était que leurs destins étaient bien plus liés que cela. Cette nuit n'était rien, comparée aux nombreuses autres qui allaient arriver. Premier jour de classe. Les élèves rentrent de vacances, exténués ou pas, et les profs font de même. Dans la classe de la nouvelle prof de littérature, on ne dérogeait pas à la règle : du bruit, encore et encore du bruit. La chevelure blonde entra dans la pièce, et Gabriel la reconnut de suite. « HUM HUM. *silence* Merci. (...) Tout d'abord, bonjour à tous. Je suis mademoiselle Bourgeois, et je serai votre professeur de littérature pour cette année. » « Vous êtes certaine que vous n'êtes pas plutôt prof de biologie ? » Gloussement général, dans un petit coin de la classe. Coin qui attira donc l'attention de Lucie, et qui reconnut, à son tour, Gabriel. Sentant que la situation allait déraper, elle fit son boulot de professeur. « A qui ai-je l'honneur ? » « Dubois mademoiselle, Philippe Dubois. » « Et bien monsieur Dubois, vous aurez l'honneur d'inaugurer les premiers devoirs maison notés de l'année. Ne me remerciez pas. » Sur ce, elle se retourna et commença son cours. Tranquillement. Avant que ces fichus sentiments ne prennent le dessus. Pourquoi était-elle autant amourachée d'un élève ? SON élève ? C'était mal, horriblement mal. Elle ne devait pas, ils ne devaient pas, et pourtant, ils le faisaient. Souvent, bien trop souvent. Ils pensaient l'un à l'autre souvent, bien trop souvent. Ils s'aimaient -ou pas- souvent, bien trop souvent. Et Dieu seul sait où tout cela les mènera.

Ce que vous pensez des white rabbits ? Les White Rabbits. Des jeunes qui essaient de se faire connaître, et aimer des autres. Oui oui, dans le fond, c'est bien cela qu'ils essaient de faire, je le sais. Et puis, prendre de pauvres élèves, et en faire leurs têtes de turcs, ce n'est pas ce qui est le plus recommandé. Et je fais partie de ces professeurs qui tentent de réagir face à cela. Ou du moins, à aider les élèves pris en grappe. Ce n'est pas toujours agréable d'être mal-aimé, ou rejeté des autres, et je vais donc tenter d'aider ces pauvres malheureux. Mais je ne me fais pas d'illusions, les WR sont vifs, populaires, et il sera impossible de les arrêter. Lorsque l'on se fait une réputation, elle vous colle à la peau, quoi que les autres puissent tenter de faire. Du moins, de mon statut de professeur, je tente parfois de calmer le jeu, même si les WR resteront toujours les grands maîtres, et nous les pions. Quoi que le changement n'a jamais fait de mal à personne, me trompe-je ?

Si l'on veut plus détailler les choses, je dirais que le petit chef est Lisandre. Les autres semblent l'apprécier à sa juste valeur, et s'il s'avère qu'ils aient un jour besoin d'un leader, il sera le mieux placé. Ensuite, nous avons ce petit Adriel, qui semble vouloir battre le record de conquêtes féminines. Combien des filles de mon cours n'ont jamais prononcé son nom ? Leur nombre est infime. Croyez-moi, ce garçon fait chavirer les coeurs. Et les brise tout aussi facilement, ce qui ne me plait pas vraiment, je dois vous le dire, mais passons. Eraste, le comique. Ses blagues feront rire la plupart des gens, et son petit côté rebelle. Le genre de garçons qui me plait *oui oui, je me tais*. D'ailleurs, il représente un peu la concurrence d'Adriel. Les deux hot guys du campus. Dorante, le cerveau musclé. Il a le corps, et le mental. Pas trop bête si vous voulez, avec en plus, ce sourire ravageur. Mais en tant que professeur, je ne dois pas m'attarder sur ces détails, tandis qu'en tant que femme, on ne peut aisément rester de marbre. Noah. Magnifique prénom, pour un être qui l'est tout autant. Mystérieux, un peu réservé, qui vous donne autant plus envie de le connaître. Sauf qu'une fois qu'on le connaît, on peut être déçu, ou pas. Personnellement, je l'aime bien ce petit gars. Enfin, Misha, la seule fille. Non moins belle. La petite fofolle également. Elle sait également se servir de ses doigts, d'après les dessins que j'ai pu voir. En tout cas, ces jeunes sont peut-être horribles dans leurs agissements, mais je sais qu'il y a un bon fond à l'intérieur d'eux. Ou du moins l'espère.